6 juin 2017

Pipe # 39 - Pot Bamboo Pinecone



En déplacement, j'apprécie fortement avoir un choix de pipe conséquent à fumer sur la journée. Au cours de la saison bourguignonne dite "froide" (sept mois de l'année à mes yeux) les poches du Barbour se gonflent vite de trois à six bouffardes sans pour autant altérer ces dernières. Mais en été, ces mêmes bouffardes se retrouvent compressées exagérément dans les poches de jean et s'abiment proportionnellement à leur taille respective : il me fallait donc une bouffarde de poche supplémentaire, "compacte" comme il se doit mais parée cependant d'une rallonge en bambou. 
Voulant éviter l'allure tout-terrain du brûle-gueule, je fouille dans le stock de pièces détachées pour en sortir une tête rustiquée de shape Pot à la tige cassée et certainement déjà bricolée par un ancien propriétaire; d'ailleurs un reste d'estampille ("C" pour Chacom ?) atteste de la suppression antérieure d'un morceau de bruyère.
S'en suit le début d'une démarche classique : passage au reamer réglable, examen des parois internes du foyer pour déceler la moindre fissure, léger ponçage des bords du fourneau afin d'identifier la présence éventuelle de brûlure fatale. L'ensemble, malgré la tige fendue, a l'air sein.



Début des hostilités : suppression grossière à la boite à onglet du morceau de bruyère incriminé réduisant ainsi drastiquement la longueur de la tige, ce qui sied d'ailleurs esthétiquement avec l'apport d'une rallonge en bambou.
Passage rapide au lapidaire de l'extrémité de la tige, sélection du rhizome en fonction du diamètre de la tige en bruyère, découpage de ce dernier
 à la bonne longueur et choix du tuyau selon la section du bambou avec comme objectif d'éviter d'insérer des bagues de transition et de renforcement entre les différents éléments, le tout pour 29 gr.
Certes, guère léger, mais la compacité devrait rendre l'ensemble confortable en bouche. 



Perçages successifs à main levée de la rallonge bambou aux forets de 2mm, 3mmm, 4mm, puis des mortaises de 6mm à chaque extrémité sur une profondeur de 10mm. Préparation des flocs en alu (dia ext 6mm et passage de fumée de 4mm). 
Réduction à 6mm du diamètre du floc du tuyau.
Poncé précédemment, je ne l'avais pas fini, provoquant une belle irrégularité des états de surface.



Tentative malheureuse de brûlage d'étapes : obliger un floc à rentrer en force dans une forme en espérant que l'ébonite se ponce naturellement ne fonctionne pas toujours. Parfois, ça casse !!   
Donc, découpage d'un floc rapporté, placé dans le tuyau. Le poids reste contenu et la future bouffarde semble bien s'intégrer dans ma petite famille de Bamboo Homemade. 




Lissage des bords du bol au papier de verre 180 posé sur une surface plane puis changement du rusticage d'origine à la fraise ronde dremel afin d'obtenir un semblant d'évocation de sablage "ring grain" (même si l'apposition d'un sticker "turbo" n'a jamais rendu plus sportif un bon vieux break mazouté).  
Après le creusement des cercles concentriques, utilisation d'une fraise conique pour générer les épis. Progressivement la bruyère brute réapparait. Les fumages ne l'ont pas marquée. Toutefois, j'insiste moins à certains endroits pour laisser quelques contrastes de rendu.



A ma décharge, toujours pas commandé les réputées teintures Fiebing. Donc, mise en couleur à l'arrache, au marqueur indélébile et au feutre de retouche à bois puis passage d'une "pommade à la carnauba".
L'inspection sous lumière rasante me convient : rusticage assez irrégulier pour évoquer, sans le singer, un sablage et présence de nuances colorées sur la bruyère.



Après plusieurs essais, décision de sceller définitivement la rallonge à la tête de pipe par l'entremise d'un long floc en alu et de cyano. Notons que ce choix de recourir systématiquement à l'aluminium s'avère peu adéquat, ce matériau très sensible au delta thermique n'assure, en effet, pas toujours des jonctions très stables. L'utilisation d'acier chromé, certes plus lourd mais plus inerte, doit être envisagé.
Passons maintenant à la finition de cette partie en adoptant la section de la bruyère à celle du bambou. D'abord protéger le rusticage, ensuite un léger passage au rouleau à poncer dremel et enfin un ébavurage à la fine queue-de-rat. Le but : sans bague de transition permettant d'épargner la surface du bambou, éviter d'enlever trop de pulpe.En définitif, léger rusticage de cette partie de la tige à la fraise dremel.




Pour l'assemblage rallonge/tuyau, le ponçage se fera à la demi-ronde et à la queue-de-rat, puis aux limes de précision. Le tuyau sera fini à sec avec un des sets de ponçage conservé en boîte à tabac recyclée (ci-dessous) constitué de plusieurs morceaux de papiers de verre : 120-180-240-360-400-500-600-800 et 1000. Si la progressivité de ces grains permet de gérer au mieux les rayures, l'absence de papier plus fin (de 1200 à 3000) reste flagrante.
Par la suite, un sort sera réservé à cette lentille dont la forme (un trou !!) révèle d'une part son age et d'autre part le peu de crédit accordé par le passé à la qualité du tirage.
En matière d'ouverture de lentille, encore de sacrées marges de progression à réaliser : travaillant au plus simple (à la dremel) puis au papier de verre, le rendu n'est pas extraordinaire.



Après ces opérations, l'observation de cette bouffarde montre que le tuyau peut encore être affiné. Ce qui sera fait par la suite (voir la photo de présentation tout en haut). La légèreté de cette bouffarde permet de la conserver au bec et sa compacité la rend oubliable en poche.
Cette Pot Bamboo pèse 26 gr pour 125 mm de long. La section du bambou mesure 9,5 mm. Le foyer se caractérise par un diamètre de 19,5 mm sur 30,2 mm de profondeur. Le bol fait 30,6 de diamètre sur 35,3 mm de haut.

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